éducation de la volonté Gaston Courtois

De grands éducateurs chrétiens comme Gaston Courtois, mais aussi le philosophe Descartes, ont placé la volonté parmi les vertus morales les plus importantes. En effet, sans volonté, aucun projet ne peut aboutir et la personne passe à côté du développement de son potentiel, de ses « virtualités » comme l’on disait à l’époque des premiers Cœurs vaillants. Former la volonté est ainsi un objectif prioritaire de l’éducation. Extrait de l’ouvrage « La formation personnelle dans le mouvement CVAV » (au chapitre 16), ce texte nous donne quelques caractéristiques de la volonté pour mieux la comprendre.

L’éducation de la volonté

L’éducateur ne se propose nullement de former des « escla­ves » ; s’il réclame parfois l’obéissance, c’est dans l’intérêt de l’ensemble et en vue d’apprendre à chacun la maîtrise de soi. Son vrai but est d’aider les enfants qui lui sont confiés à former et à affirmer leur personnalité afin qu’arrives à l’âge d’homme ils soient capables de remplir leur destinée en se dirigeant seuls et droitement. Or la volonté étant à la base de fortes personnalités, la culture de la volonté de ses enfants devra être un des premiers soucis de l’éducateur. L’acte volontaire peut se diviser en deux phases et l’on peut considérer la volonté en tant qu’elle choisit, qu’elle se décide et la volonté en tant qu’elle agit et réalise.

Les caractéristiques de la volonté

En tant qu’elle se décide, elle doit d’abord être prompte. Il n’y a rien qui paralyse l’action comme les hésitations perpétuelles, le choix est retardé et l’on s’arrête souvent à des demi-mesures qui donnent l’impression que l’individu ne sait pas très bien ce qu’il veut. Là intervient certainement un élément intellectuel, et les intelligences qui voient très en détails les inconvénients et les avantages d’un acte ont parfois plus de mal à se décider que celles qui n’en voient qu’une face. La perfection à poursuivre est certainement d’arriver à une vision très rapide et complète des conséquences et à une rapide faculté d’option pour ce que l’on croit être le mieux, même au risque d’inconvénients. Il est des cas où il vaut mieux agir en prenant une solution moins parfaite que de ne pas agir du tout. Cela cependant ne veut pas dire qu’il faille se décider à la légère, sans examen, et c’est certainement le dernier cas que l’on rencontre le plus fréquemment chez les enfants.

En tant qu’elle agit, la volonté devra être :

Forte, énergique. Elle ne doit pas se laisser arrêter par les obstacles qui pourront se présenter ; sachant bien ce qu’elle veut, elle doit être prête, pour y arriver, à surmonter les difficultés qu’elle rencontrera.

Egale. On rencontre parfois des personnes qui ont de la volonté : par intermittence. A certains Jours, on les voit prêtes à braver tous les obstacles alors qu’à d’autres, elles se laisse­ront abattre par le moindre d’entre eux et abandonneront la partie. Cette inégalité a souvent une cause physique.

Persévérante. Arriver à quelque chose, quelles que soient les difficultés et quoique les efforts faits pour les vaincre ne soient pas toujours couronnés de succès, c’est le propre de la persévérance. Il s’agit alors, que la volonté ne se décourage pas mais que sur un échec elle rebondisse et, donnant un effort plus grand, qu’elle obtienne la victoire. La persévérance est parfois très difficile pour les enfants. Ils se lassent vite de ce qu’ils ont entrepris et dès que tout ne marcha plus à leur gré, ils préfèrent se tourner vers autre chose.

Souple. C’est à l’entêtement que s’opposera la souplesse. Il est excellent d’être tenace et de vouloir arriver coûte que coûte au but que l’on s’est proposé. Mais si en cours de route les circonstances changent, si une lumière nouvelle vient éclairer l’entreprise il serait inintelligent de la refuser et de continuer l’œuvre ébauchée uniquement parce qu’on l’a commencée. Une volonté souple saura au contraire s’adapter à l’évolution de la vie et ne pas dépenser inutilement ses forces là où elles ne peuvent avoir le rendement désiré.

Comment aider les enfants à former leur volonté ?

Ici plus que jamais l’emploi des méthodes actives LIEN sera d’un grand secours. De même que « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », c’est en exerçant sa volonté qu’on arrive à lui faire acquérir les qualités désirables. Un premier point sera d’obtenir des enfants un examen complet et rapide des faits ainsi qu’une prompte décision. Pour cela il faudra profiter des occasions qui se présenteront, même des plus simples. Par exemple, « Nous pouvons jouer à tel jeu ou à tel autre, lequel voulez-vous? » Donner une ou deux minutes pour réfléchir et demander réponses et raisons du choix.

Faire prendre des décisions aux enfants

Donner aux enfants l’occasion de prendre des décisions qui influeront vraiment sur l’orientation de la vie d’un groupe; qu’ils sentent que leur responsabilité est engagée. C’est ce qui se passe tout particulièrement pour les chefs d’équipe, et également pour celui à qui on a confié une charge qui lui donne l’occasion de prendre des décisions. Pour développer chez l’enfant les qualités de l’action, il faudra lui laisser rencontrer l’obstacle. Il est parfois très difficile de faire comprendre aux parents, – qui, par un souci bien compréhensible d’éviter à leurs enfants les souffrances qu’ils ont connues, veulent leur supprimer tout obstacle, toute peine, – qu’ils ne travaillent pas à leur vrai bonheur. En effet s’ils n’ont jamais l’occasion de forger leur volonté, que feront-ils quand ils se trouveront seuls dans la vie?

Mais cette rencontre de la difficulté doit grandement préoccuper l’éducateur. C’est qu’il ne suffit pas qu’il se trouve face à face avec une difficulté quelconque pour que l’enfant la surmonte, et si, trop grande pour sa faiblesse, elle I’écrase, il peut sortir de l’épreuve réellement découragé. L’éducateur a donc à graduer Ies difficultés que rencontreront ses enfants.

Ce n’est pas sans raison qu’il confie telle charge à l’un et telle autre à son camarade, c’est qu’il sait que pour remplir la première il faut un garçon déjà formé que rien ne rebutera, alors que de la seconde son camarade puisera, dans la joie de voir ses qualités s’épanouir, la force de surmonter les difficultés. Il sera en général assez facile d’emballer les enfants pour la conquête de la volonté car elle représente une force, et par nature ils aiment ce qui est fort. Si dans une histoire on leur montre les façons d’agir d’un garçon mou et d’un autre énergique, ils n’auront pas d’hésitation et préfèreront le second. La vraie difficulté réside surtout dans le soutien de leur volonté encore fléchissante qui facilement abandonnerait ce qui est entrepris.

A l’éducateur de concentrer sur ce point ses moyens d’action : 

  1. Rappeler souvent par des histoires, des anecdotes, que la vie « belle » appartient à ceux qui savent la vouloir, et réchauffer ainsi le désir d’en être.
  2. Par l’emploi des méthodes actives, graduer les obstacles que les enfants vont s’essayer à surmonter.
  3. Après les essais, féliciter ceux qui ont réussi. Rappeler à ceux qui ont échoué que rien ne se fait en un jour et qu’ils réussiront demain ce qu’ils n’ont pu faire aujourd’hui…

Ainsi l’éducateur aura la joie d’avoir aidé à se former une génération forte qui après avoir vu le but aura le courage de lutter pour l’atteindre.

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