Le témoignage de cette âme vaillante et dirigeante du mouvement à Bamako a été rapporté par Vincent Feroldi dans son ouvrage La Force des enfants. A cette époque, le mouvement CVAV en France métropolitaine avait à cœur de créer des liens avec les différents groupes existant aux quatre coins du monde. Cet article est extrait du livre de Vincent Feroldi, La force des enfants.
Une campagne de foulards pour renforcer les liens entre les groupes CVAV
Les dirigeants français cherchent à renforcer les liens avec les groupes de l’étranger. C’est au printemps 1954 que commence à se manifester d’une manière sensible ce que l’on pourrait appeler « L’Internationale Cœurs vaillants-Ames Vaillantes ». Cette année-là, les Ames Vaillantes de France métropolitaine sont en effet invitées à confectionner des foulards pour leurs « petites sœurs » d’Outre-mer. En échange, elles recevront un objet fabriqué par ces dernières. Dans l’esprit des responsables du mouvement, ce geste fraternel veut aider les fillettes de différents pays et de différentes races à mieux se connaître et à s’aimer davantage. Le succès de cette « campagne des foulards » est notable. Des milliers de foulards partent de métropole et de nombreux colis « échange » parviennent en France, en provenance d’Inde, du Vietnam, de Guyane, d’Égypte, d’Île Maurice et de bien d’autres pays. Il en résulte une grande joie même si, au départ, cette opération ne fut pas sans difficultés.
Voici d’ailleurs ce qu’en dit une dirigeante de Bamako, capitale de l’actuelle République du Mali :
« En ville, les Ames Vaillantes n’ont pas l’habitude de confectionner tous ces petits objets que celles de brousse savent faire. Elles ne voyaient surtout pas l’utilité que de petites choses du pays pouvaient avoir pour de petites Françaises, et ne pensaient pas que cela pourrait leur faire plaisir. J’ai réussi à les convaincre. Quand elles ont eu compris qu’elles feraient plaisir aux Ames Vaillantes de France par ces petits objets dont la valeur importait peu, elles s’y sont mises de bon cœur et toutes y ont travaillé avec beaucoup d’ardeur et de joie.
Les Souriantes et les Rayonnantes ont confectionné de petits éventails en fil de couleurs différentes. Les Conquérantes ont pyrogravé de petites calebasses suivant la mode Bambara. Ce travail est fait habituellement par les forgerons ; elles ne l’avaient jamais fait. Nous nous sommes mises au travail avec des moyens de fortune : des clous et des couteaux rougis sur un feu de charbon. Le résultat a largement dépassé leurs espérances. La première calebasse décorée a fait l’admiration de toutes et a animé leur courage. Jamais elles ne se seraient cru capables de faire cela. Toutes s’y sont mises alors avec tout leur cœur. Quand les premiers foulards sont arrivés, elles ont alors pleinement réalisé. La joie qu’elles ont éprouvée, à la vue de ces foulards qu’elles ne cessaient d’admirer, à la pensée que les Âmes Vaillantes de France avaient fait cela pour elles, leur a mieux fait comprendre qu’à leur tour elles procureraient la même joie. Ce fut alors une émulation, un désir de faire plaisir.
Je suis tombée malade quand les premiers colis commençaient à arriver. Les Conquérantes ont alors emporté leurs calebasses chez elles pour les finir. Toutes les familles s’y sont intéressées. Des mamans ont tenu à contribuer aussi.En plus de leurs petits travaux, elles ont tenu à offrir de petits objets venant de chez elles. Elles ont vraiment goûté la joie de donner, de faire plaisir. Pour elles, certainement, le but poursuivi par cette campagne, foulards a été pleinement atteint.