Parmi les productions de l’Abbé Courtois, il en est une qui était destiné spécialement aux jeunes prêtres. Ces derniers, une fois ordonnés, se voient bien souvent confier des responsabilités dans l’éducation des enfants et adolescents. L’ouvrage « Pour réussir auprès des enfants » entendait leur donner des conseils en matière d’éducation. Une préface du cardinal de Paris de l’époque, Jean Verdier, montrait son soutien et encourageait chaleureusement Gaston Courtois à continuer de nourrir « l’Entraide sacerdotale » qu’il avait fondée en 1925.

Prendre les jeux des enfants au sérieux !

C’est une règle générale que l’enfant juge les grandes personnes suivant leur façon de s’intéresser à ce qui l’intéresse lui-même. Intéressez-­vous donc loyalement à leurs jeux, prenez-les au sérieux, et vous pouvez être certain que votre prestige et votre influence en seront accrus. Faites en sorte que les enfants soient heureux dans votre œuvre ; croyez à la valeur éducative du jeu. Etant donné qu’une occupation façonne d’autant plus une âme qu’elle absorbe plus complètement, on peut dire que le jeu – qui est l’occupation capitale pour l’enfant – celle qui l’absorbe le plus – peut avoir une influence considérable sur sa formation. Un jeu organisé développe chez l’enfant les précieuses qualités de discipline, d’attention, de présence d’esprit, de maîtrise de soi, d’en­durance. L’enfant normalement se donne à fond au jeu qui l’intéresse et quand il joue aux gendar­mes et aux voleurs, il prend volontiers l’esprit gendarme et l’esprit voleur comme il les voit dans son imagination à la lueur de certains sou­venirs d’histoires de gangsters lues dans les ro­mans feuilletons ou vues au cinéma.

Pourquoi ne pas utiliser le jeu comme moyen de lui faire vivre des faits chrétiens ? 

Il y a dans l’Ancien et le Nouveau Testament, dans l’histoire de l’Eglise y compris l’histoire con­temporaine tellement de beaux thèmes ! Un jeu bien préparé, bien lancé, suivi d’une critique judicieuse, constitue une leçon de cho­ses que l’enfant s’assimile d’autant mieux que grâce à son imagination il l’aura personnelle­ment vécue. Toutefois, attention à ce que le jeu reste jeu. Utilisez le jeu à thème, mais n’en abusez pas !

Avoir dans son escarcelle des jeux pour toutes circonstances

Sachez vous-même, et veillez à ce que vos collaborateurs et vos chefs d’équipes connais­sent un bon nombre de jeux pour différentes circonstances : jeux d’intérieur, jeux de cour, jeux de mise en train, jeux généraux, jeux d’équipes, jeux de campagne, etc. Un jeu n’est intéressant que si tous ceux qui y participent en connaissent parfaitement les règles, si les différents camps en présence ont des chances égales de gagner, si la compé­tence et l’équité de l’arbitre lui confèrent une autorité sans conteste. Demandez à vos collaborateurs et à vos chefs d’équipe de prendre le jeu au sérieux, mais ja­mais au tragique, et même s’il y a contestation, de tempérer par la charité et le bon esprit spor­tif les réclamations légitimes de leurs camps.

Transmettre l’art de gagner et l’art de perdre !

Apprenez aux enfants l’art de gagner et l’art de perdre : encouragez ceux qui ont vaillam­ment lutté et faites-les féliciter collectivement ceux qui les ont dépassés. Soyez favorables aux matches amicaux ; mé­fiez-vous des compétitions sportives à grand spectacle avec résultats transmis aux journaux, car alors vos enfants perdront le goût du jeu pour lui-même, et ce ne serait pas sans dom­mage pour eux et pour votre œuvre éducatrice.

Une manière de jeu qui peut être très at­trayant pour l’enfant et très formatrice pour son goût et son caractère est le jeu dramatique.

Par le choix de vos pièces et la manière dont vous ferez jouer vos enfants, faites œuvre d’éducateur. Bannissez par conséquent de vos program­mes tout ce qui serait trivial ou de mauvais genre. Certaines pièces religieuses, certains mystères peuvent être l’occasion d’un vérita­ble cercle d’études, et s’il est bon de jouer de temps en temps quelques pièces comiques, choisissez-les toujours de bon goût, et que vos jeunes acteurs cherchent davantage par leur jeu à procurer à leurs camarades et à leurs familles une bonne distraction, plutôt qu’à recueillir des applaudissements. Aussi, méfiez-vous de la terrible tentation de cabo­tinage qui peut atteindre les mieux doués de vos enfants.

Les enfants attachent de l’importance à ce qui occupe les éducateurs

N’oubliez pas que vos enfants attacheront aux choses l’importance que vous y attachez vous-même, et si vous semblez trop préoccupé par cette question théâtre, ils croiront volon­tiers qu’il n’y a que cela qui compte. Dans tout ce qui touche de près ou de loin au théâtre, soyez extrêmement prudent à ne pas vous laissez entraîner à des dépenses exagé­rées. Ne cherchez pas à éclipser vos voisins ou à vouloir faire mieux que ce qui s’est jamais fait. Vous risqueriez de vous laisser déborder, et bientôt le théâtre absorberait le meilleur de votre activité et de celle de vos enfants.

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