Voici une réflexion proposée aux « cercles d’études » des responsables CV-AV qui méritait d’être publiée de nouveau. A quoi le travail que je fais sert-il ? Ce texte y répond en décrivant les finalités chrétiennes du travail, en ne le considérant ni comme comme la finalité de l’existence, ni comme une marchandise.

Le travail est une clé de la question sociale dans l’enseignement chrétien

La définition chrétienne du travail lui donne du sens.

Toute étude et toute action sociale sérieuse doivent être basées sur la conception chrétienne du travail, car toutes les questions sociales s’articulent plus ou moins sur le problème du travail. La plupart des hérésies sociales, anciennes et présentes, viennent d’une fausse conception de la notion du travail et de son rôle. Dans un temps comme le nôtre où l’obligation de travailler n’apparaît plus guère que comme une nécessité économique, il est bon de se rappeler la place qu’occupe dans le plan providentiel de notre sanctification, la loi du travail.

L’origine de la loi du travail

Il y a eu et il y a encore sur cette question des erreurs qui peuvent être lourdes de conséquences. Pour beaucoup, le travail n’est qu’un châtiment, une punition du péché originel : d’après eux, la loi du travail n’existerait que depuis le péché originel. C’est inexact car elle existait avant la chute. « Quand Dieu créa l’homme, il se mit dans un jardin de délices pour le cultiver, pour travailler », nous dit la Sainte Écriture.

1er but du travail : perfectionner la personne humaine

L’homme, avant sa chute, pouvait et devait perfectionner et enrichir tout son être pour le rendre plus digne de son union avec Dieu. Il n’avait qu’un moyen de perfectionner ses facultés physiques, intellectuelles et morales : c’était de les exercer en travaillant. Œuvrer pour perfectionner :

  • son corps et en faire un instrument souple et docile de l’intelligence et de l’âme.
  • son intelligence afin qu’elle garde la direction de son activité.
  • l’âme en l’élevant à Dieu.
  • tout l’être humain, d’après la loi de l’effort, tel est, avant la chute, le but principal pour ne pas dire le seul, de la loi du travail.

2e but : Expier et réparer ses péchés

Après la chute, l’obligation de se perfectionner subsiste plus impérieuse et avec elle l’obligation de travailler ; mais alors, le travail, au lieu de rester comme un jeu agréable et fécond, il devient pénible. C’est Dieu lui-même qui a attaché cette peine au travail et II l’a fait par bonté. Il a voulu donner à l’homme l’occasion, le moyen d’expier et de réparer par le seul exercice de son activité, par son travail. Mais, nous dit Léon XIII, dans Rerum Novarum : « Ce que la volonté eût embrassé librement, comme un exercice agréable, la nécessité y a ajouté, après le péché, le sentiment de la douleur et l’a imposé comme une expiation. »

L’homme doit subvenir à ses besoins matériels et à ceux de la communauté

La chute n’eut pas des conséquences fâcheuses pour l’homme seulement, elle en a eu encore pour la terre qu’il habitait. « La terre sera stérile et maudite à cause de toi et tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. » Voilà posée la nécessité de collaborer à un projet pour vivre. D’où le troisième but du travail : gagner sa vie.

2 conditions indispensables

Pour atteindre ses trois buts et réaliser ses trois fonctions : économique, sociale et morale, le travail doit se réaliser dans certaines conditions :

1 ° Tout d’abord, l’activité doit donner une certaine joie.

A toute peine ou charge Dieu a attaché une joie correspondante qui la fait accepter, respecter et aimer. Si l’homme ne trouve pas dans son travail, qui absorbe les trois quarts de son activité consciente, la joie, le commencement de bonheur correspondant auquel il a droit, il ne s’attachera pas à son travail, il ne l’aimera pas et cherchera en dehors de lui le commencement de bonheur pour lequel il est fait.

2° La conscience du bien commun dans son activité

En second lieu, s’il ne travaille pas directement pour lui ou pour sa famille, ce qui serait l’idéal, nous dit saint Thomas, l’homme doit au moins avoir conscience de le faire indirectement et ad bonum commune, pour le bien commun. S’il n’a pas conscience d’œuvrer pour le bien commun ; mais si, au contraire, il a conscience (à tort ou à raison), de travailler ad utilitatem dominantis, nous dit saint Thomas c’est-à-dire uniquement pour le bien de celui qui l’emploie, l’homme n’aimera pas son travail et se révoltera. En effet, la conception chrétienne du travail se situe à égale distance de deux erreurs répandues aujourd’hui : celle qui consiste à faire du travail une véritable religion et celle qui consiste à en faire une véritable marchandise.

Quelques pistes de réflexion quant à ma propre conception du travail

  • Le travail que j’exerce ou bien celui de mes proches perfectionne-t-il réellement ou, au contraire, abaisse-t-il l’être humain ?
  • Donne-t-il des occasions de pécher ou de commettre de mauvaises choses ?
  • Tous les hommes peuvent-ils vivre par leur travail ?
  • Est-ce- que je trouve, dans mon activité, ce commencement de joie ? Est-ce que j’aime mon travail ?
  • Ai-je l’impression de travailler « ad bonum commune », pour le bien commun, ou bien de travailler, à tort ou à raison, pour l’employeur ou « ad utilitatem dominantis » ?

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