Pour surmonter le combat spirituel que vivent bien des chrétiens , l’Abbé Gaston Courtois a proposé une aide très pratique dans son opuscule « Quand l’âme est dans le tunnel » publié en 1930. Vous trouverez ici des éléments très concrets extraits de cet ouvrage, et qui font suite à ceux qui permettent de discerner les raisons de cet état.
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Tant que nous sommes sur la terre, le physique influe sur le moral et il arrive, parfois, que des sècheresses spirituelles trouvent leur explication dans une cause toute naturelle, comme le manque de sommeil, chaleur accablante, malaise physique, migraine, fatigue cérébrale, etc. Dans la mesure où nous y pouvons quelque chose, nous devons y remédier. Le corps n’est pas un ennemi, c’est un serviteur qu’il ne faut pas flatter, certes, mais que nous avons le devoir de ménager et de soigner raisonnablement, si nous voulons qu’il nous rende de bons et loyaux services.
Vérifier loyalement si le combat spirituel n’aurait pas une cause physique
« L’arc ne peut pas être toujours tendu » disait saint Jean. Donc, ne pas forcer. Avoir l’humilité de prendre le repos ou les remèdes nécessaires. Ne pas se tracasser l’esprit. Garder notre sérénité d’âme. Le bon Dieu n’est pas un tyran, mais un père ; dans un état de fatigue, a fortiori dans un état d’épuisement physique, Il ne nous demande rien au-delà de ce que nous pouvons raisonnablement faire. Une toute petite chose faite ou acceptée avec amour, ou même un simple acte isolé d’abandon confiant à sa sainte volonté, lui est plus agréable, à ce moment-là, que toute une série de belles choses que nous pourrions accomplir pour Lui en d’autres temps.
Si cet état de combat spirituel ne peut être attribué à une cause physique, rechercher calmement s’il n’y a pas de notre faute.
Voici quelques exemples d’infidélité à la grâce qui, souvent, amènent, sans que nous y prenions garde, un peu de froid dans nos rapports avec le Bon Dieu :
- Une gourmandise inutile
- Un peu de laisser aller dans la tenue
- Une capitulation devant un petit sacrifice qui s’offre à nous,
- Une curiosité indiscrète pour apprendre les nouvelles
- Une préoccupation trop grande de l’approbation d’autrui, ou simplement un désir immodéré de savoir ce que les autres pensent de nous,
- Une conversation inutile prolongée outre mesure, sans raison,
- Un épanchement de cœur, même légitime, mais excessif,
- Un abus de lectures frivoles, surtout e celles qui risquent de troubler le cœur ou l’imagination,
- Un empressement exagéré dans l’accomplissement d’une activité qui nous plait, dans la recherche d’une distraction même légitime, dans la satisfaction d’un désir, même permis,
- Un manque d’esprit de foi dans l’acceptation des petites difficultés de la vie,
- Une facilité trop grande à juger ou à critiquer à tort et à travers,
- Des sentiments acceptés de jalousie ou de rancune,
- Un manque de fidélité à nos exercices de piété,
- Un manque d’énergie pour déblayer notre imagination et nous mettre résolument en face de Dieu à l’heure de la prière, etc.
Si on se reconnaît coupable d’une de ces petites fautes, s’en humilier intérieurement, avec une affectueuse confiance en la miséricorde du bon Maître.
Que ce combat spirituel soit de notre faute ou non, ne pas s’en étonner, ni s’en troubler, ni s’en attrister.
Si c’est de notre faute, notre acceptation humble et généreuse de l’épreuve spirituelle en réparation de nos indélicatesses cause plus de joie à son cœur que celles-ci ne lui ont fait de peine. Si ce n’est pas de notre faute, pourquoi s’étonner de ne pas sentir la présence d’un être qui, par définition, est au-dessus de nos sens, pourquoi se troubler de ce qui, après tout, est sur terre une condition normale, pourquoi s’attrister d’une épreuve qui peut être si glorieuse pour Dieu, si féconde pour nos âmes ? Ne pas croire que le bon Dieu est fâché contre nous, parce qu’Il cesse de nous « consoler », ou qu’Il nous abandonne, parce qu’il fait semblant de se retirer. Une mère n’abandonne pas son enfant, parce qu’elle cesse de le caresser…
Loin de nous attrister, remercier le bon Dieu
Jacques d’Arnoux écrivait : « Je ne tiendrai aucun compte de mes sècheresses. Dieu me les envoie pour éprouver ma foi. » Cela nous amène à dire, d’abord peut-être du bout des lèvres, puis, peu à peu, du fond du cœur : « Merci, mon Dieu, d’avoir la bonté de me faire souffrir. » Et selon sainte Thérèse de Lisieux : « Dans mes rapports avec Jésus : sécheresse. Je suis heureuse de voir qu’Il ne me traite pas comme une étrangère, qu’Il ne se gêne pas avec moi. »
En dehors du cas spécial de fatigue physique, ne rien omettre, ne rien diminuer de ce qu’on avait l’habitude de faire quand tout allait bien.
S’il y avait quelque chose à changer, que ce soit plutôt pour ajouter que pour retrancher. « On n’a aucun goût mais tant pis. Il n’y a qu’à faire comme si on en avait. Saint François de Sales : « Il ne faut pas s’arrêter à considérer si l’on a de bons sentiments, mais il faut faire ce qu’ils nous feraient faire si nous les avions. Et ne dites pas que dans ce cas la bouche seule parle, non le cœur, car si le cœur ne le voulait, la bouche n’en dirait pas un mot. »
Bien se dire que c’est précisément au moment où l’on est le moins disposé à faire un petit sacrifice, que ce petit sacrifice a le plus de valeur.
Selon sainte Thérèse de Lisieux, « Vous vous plaignez de ce qui devrait causer votre plus grand bonheur.
…Où serait votre mérite s’il fallait que vous combattiez seulement quand vous vous sentez du courage ? Qu’importe que vous n’en ayez pas, pourvu que vous agissiez comme si vous en aviez. Si vous vous trouvez trop lâche pour ramasser un bout de fil, et que néanmoins vous le fassiez pour l’amour de Jésus, vous avez plus de mérite que si vous accomplissiez une action beaucoup plus considérable dans un moment de ferveur. »
C’est souvent dans le temps de combat spirituel que l’âme fait le plus de progrès.
« Au sortir de ces chemins si rudes, si âpres, où elle avait cru cent fois s’égarer, l’âme doit reconnaître avec amour que Celui qu’elle ne voyait pas la portait encore, que l’Ami caché travaillait pour elle et en elle avec une arme pénétrante et irrésistible qui s’appelle la douleur, qu’Il a combattu pour elle et que Lui seul a pu déjouer et repousser pour elle les attaques et les ruses de l’ennemi. » écrivait Lucie-Christine (Mathilde Bertrand, 1844-1908), dans le “Journal Spirituel de Lucie-Christine (1870-1908).
« Bien plus, elle voit clair maintenant et considérant le chemin qu’elle a parcouru, durant lequel elle croyait se perdre et ne rien faire, elle voit avec surprise combien Dieu l’a fait avancer. »
« Elle se sent plus souple sous la main de Dieu et plus détachée de tout ce qui n’est pas Lui. Elle voit clairement qu’elle a fructifié en humilité et en patience et sent son amour monter plus et plus droit vers Dieu, à proportion qu’elle a senti le néant d’elle-même et de tout le reste. » « Ainsi le grain de blé, s’il pouvait sentir, se réjouirait de s’être anéanti dans le sein de la terre et de pousser vers le Ciel sa tige pleine de vie et de promesses. »