La pédagogie hébertiste donne des leçons type qui pouvaient être proposées aux enfants au cours d’une séance de patronage. Cela reposait sur le principe du déplacement continu et de quelques autres caractéristiques fondamentales.

Les caractéristiques fondamentales de la pédagogie hébertiste

La pédagogie hébertiste est donc extrêmement simple :

pédagogie hébertiste
  • Production journalière, dans un temps déterminé, d’une somme suffisante de travail ou d’efforts destinés à faire acquérir de la résistance.
  • Pratique méthodique des exercices utilitaires indispensables en accordant à chacun le degré d’importance qui lui revient.
  • Endurcissement de l’organisme au froid, à la chaleur, au soleil et aux intempéries par le travail au grand air, le corps plus ou moins dévêtu (la nudité étant limitée par la décence d’une part et d’autre part les possibilités de résistance individuelle aux conditions atmos­phériques du moment).
  • Rapprochement de l’état de nature par des habitudes de frugalité, de sobriété et de simplicité dans la manière de vivre afin d’augmenter la valeur de la résistance générale.
  • Mise en jeu des qualités d’action ou qualités viriles : énergie, volonté, courage, sang-froid …
  • Mise en pratique de tous les moyens capables d’augmenter la variété des aptitudes physiques : jeux, sports, danses, travaux manuels de tout genre, sans oublier l’exercice de la voix par le chant ou le cri. » 

La pédagogie hébertiste en 10 points

  1. La leçon, dans la pédagogie hébertiste, est un déplacement continu pendant lequel on marche on court, on saute, on grimpe, on escalade, on chemine à quatre pattes, on fait de l’équilibrisme, on soulève, on lance, on lutte, on se défend, enfin on nage si l’occasion s’en présente. Il n’y aura pas de moments d’inaction, d’arrêts sans raison, surtout en immobilité. Le travail sera soutenule repos relatif étant obtenu par un changement de rythme dans le travail ou un changement d’exercice. 
  2. Alternance des efforts. La continuité des efforts s’obtient en suivant la règle des alternances : un effort modéré succèdant toujours à un effort plus intense. Par exemple : une course rapide de 25 mètres sera suivie d’une marche lente sur la même distance ; en hauteur avec élan par un retour au sautoir par marche lente …
  3. Gradation d’intensité du travail. « L’ordre de succession des divers genres d’exercices doit être établi de telle façon que le travail se poursuive par périodes alternées d’intensité croissante, puis décroissante. » Ainsi, ces périodes d’intensité décroissante sont nécessaires et sont obtenues par une alternance convenable des genres d’exercices et un réglage des efforts dans l’exercice exécuté. De plus, les périodes d’intensité croissante doivent voir leur intensité croître du commencement à la fin, les exercices les plus violents étant réservés pour la fin.
  4. Dérouillement et apaisement final
  5. Dosage de la quantité de travail :
    Par le réglage des allures et des durées. Pour ces dernières, et à titre d’indi­cation, on pourra utiliser des durées moyennes suivantes pour une leçon de 40 minutes :
    Course et marche : 4 minutes
    Quadrupédie : 4 minutes
    Grimper : 5 minutes
    Sauts : 5 minutes
    Equilibrisme : 4 min.
    Lancer : 5 min.
    Lever : 3 min.
    Défense : 3 min.
    Parcours chronométrés : 5 min.
    Marche lente d’apaisement : 2 min.
  6. Souplesse du travail : Sans elle, aucun perfectionnement technique n’est possible. Combattre la raideur volontaire ou involontaire en apprenant à l’enfant à se détendre nerveusement et musculairement. Aucune contraction inutile dans les mouvements.
    Veiller aux attitudes correctes et à la respiration libre el ample (Hébert consacre tout un article de son ouvrage sur ce sujet de la respiration). Tout un article de son ouvrage sur ce sujet de la respiration).
  7. Liberté complète d’action de chaque sujet, même en travail collectif. Cette liberté est indispensable. Pour l’obtenir,” veiller à ce que les enfants ne gênent pas mutuellement (pas de rangs, pas d’alignement…) Le travail en vagues assure à chacun cette complète liberté d’action.
  8. Travail en Short
  9. Libre manifestation de la joie de l’action. Pour l’enfant, se mouvoir c’est vivre. Le mouvement est donc source de joie et celle-ci se manifestera à certains moments de la leçon par des cris et des chants rendant celle-ci plus vivante. Emploi également des petits jeux récréatifs.
  10. Culture de l’énergie. Exécution de certains exercices difficiles ou dangereux, exhortations du maître (de l’énergie ! du cran ! forcez un peu !…) émulation, exemple du maître.

« Prise dans son ensemble, une leçon bien conduite peut être ainsi schématisée : 

  • Elle débute par un dérouillement composé d’une suite d’en­volées rapides sur quelques mètres.
  • Puis exercices de quadrupédie sur courte distance.
  • Première période de calme relatif avec des exercices réclamant plus de force musculaire que de souffle.
  • Seconde période d’augmentation croissante du travail avec des exercices réclamant du souffle : sauts.
  • Deuxième période de calme relatif plus importante que la première : équilibrisme, lancer …
  • Troisième et dernière période d’intensité croissante faisant appel au souffle et à la force musculaire et nerveuse : lever, défense, course, marche …
  • Marche lente d’apaisement accompagnée de profondes expi­rations. »

La pédagogie hébertiste selon les lieux

Sur un espace restreint

C’est là le type de la leçon que nous devons donner aux enfants au cours d’une séance de patronage. Il s’agit de réaliser le principe du déplacement continu : « C’est la nécessité de cette réalisation qui nous a fait imaginer ce qui suit : d’une part une base de travail ou « plateau » sur lequel, si petites que soient ses dimensions, il est possible d’exécuter la leçon dans toute son intégralité, d’autre part une façon d’évoluer par aller et retour permettant d’effectuer sur ce plateau un parcours pouvant égaler le parcours en terrain libre ».

1°Le “plateau” dans la pédagogie hébertiste

C’est d’abord un espace libre. N’importe quel terrain plat (prairie, pelouse champ, place, cour…) peut servir de plateau. Les dimensions dépendent du nombre d’enfants à exercer simultanément. Pour une quarantaine de sujets, compter 30 mètres sur 10. Son pourtour peut être indiqué simplement par une marque ou par quatre piquets. Sur ce plateau rudimentaire, tous les genres d’exercice sont possibles, surtout si la proximité d’arbres permet le grimper et l’équilibrisme. L’idéal serait un plateau uniquement réservé à l’éducation physique et comportant toutes les installations nécessaires, mais, dans la pratique, il est rarement réalisé. Les diverses parties du plateau sont ainsi désignées :

  1. un des petits côtés du rectangle est pris comme base de départ.
  2. l’autre comme base d’arrivée.
  3. le pourtour se nomme la piste.
  4. les autres côtés sont des bases latérales.

2°Systéme des vagues et contre-vagues.

« Le déplacement sur le plateau s’effectue par allers et retour de la façon suivante :
– De la base de départ à la base d’arrivée s’exécutent les exercices c’est-à-dire le travail effectif.
– Le retour en, détente par marche lente s’effectue sur l’une des bases latérales.
– La continuité du déplacement est ainsi assurée par ce va-et-vient, de même que l’alternance des efforts. Un groupe de sujets partant de la base de départ pour se rendre à la base d’arrivée en effectuant un exercice quelconque, chacun ayan sa liberté d’action, constitue une vague. Le retour de ce groupe su une des bases latérales constitue la contre-vague. »

3°Evolution des groupes dans la pédagogie hébertiste

Ces groupes ou vagues, qui auront été formés avec des enfants à peu près de la même force physique, évoluent de lamanière suivante : chaque groupe vient successivement se placer en ligne, sur la base de départ, les enfants à un mètre d’intervalle les uns des autres (grandes distances). Au signal du maitre qui, au préalable, a précisé l’exercice à exécuter et son allure, le groupe en ligne est lancé en vagues sur le plateau. Chaque enfant progresse librement devant lui jusqu’à la base d’arrivée, sans s’occuper de ses voisins.

Au fur et à mesure qu’ils franchissent la base d’arrivée, les enfants de la vague lancée se dirigent par la droite ou la gauche sur une des bases latérales du plateau et s’acheminent alors lentement sur cette base pour rejoindre la base de départ. Le maitre lance les autres groupes en vagues dès leur arrivée en ligne, en attendant néanmoins que la vague précédente ait atteint la base d’arrivée pour éviter toute bousculade. La progression des groupes doit être continue. La leçon se déroule dans l’ordre des exercices utilitaires déjà indiqué. Bien surveiller les enfants et veiller à l’apparition de la fatigue qui se traduirait par les signes suivants : pâleur subite ou progressive, rougeur exagérée de la face, ouverture exagérée de la bouche, respiration haletante, raideur générale, ­léger tremblement des muscles ou des membres, nonchalance subite, aspect ennuyé et enfin énervement. Quelques secondes de marche lente ramèneront ces enfants au calme, après quoi ils se reposeront.

Sur parcours varié en pleine nature : l’idéal de la pédagogie hébertiste !

C’est la leçon que nous ferons faire en colonie de vacances, c’est la leçon : idéale ! Les enfants devant se soumettre aux exigences du parcours à effectuer, tenir constamment leur esprit en éveil. C’est la leçon utilitaire au plein sens du terme : marche dans des sentiers étroits, grimper aux arbres, escalades de rochers… Pour les enfants, c’est une petite expédition. Or partir en expédition ou à l’aventure est toujours un bonheur pour les Jeunes ! La piste du parcours aura été explorée à l’avance et choisie de manière à faire exécuter aux enfants des exercices de la méthode naturelle, sans toutefois se départir d’une grande prudence dans ce choix afin d’éviter tout risque d’accident. On tiendra compte, évidemment de la force du groupe que l’on aura à diriger. Cette leçon sera présentée sous forme de grand jeu afin d’enthousiasmer les enfants.

« Les Tom Hawacks ont dérobé le drapeau ! » : un exemple de thème pour la leçon

La tribu des Tom Hawacks est venue, à l’improviste, visiter la colonie et s’est emparée des fanions d’équipe et du drapeau. Les Cœurs Vaillants se lancent à leur poursuite, connaissant à peu près l’endroit de leur fuite. Tout d’abord, départ en masse et en marchant tout en concertant un plan d’attaque. Tout à coup, on se précipite dans un petit bois, en courant. Fausse alerte, on avait cru apercevoir Bout Haky, le chef de la tribu. A un moment donné, il faut traverser un espace découvert : marche en quadrupédie. On a perdu la trace des ennemis. Les Cœurs Vaillants grimpent dans les arbres pour de se repérer. La poursuite continue en franchissant de nombreux obstacles qu’il faut sauter : troncs d’arbres fourrés, ruisseaux. Une barrière de rochers se présente qu’il faut escalader. Un ruisseau plus important devra être traversé sur un tronc d’arbre jeté en travers. On trouve sur la route des Tom Hawaks blessés qui renseignent sur la piste à suivre, mais que les Cœurs Vaillants doivent transporter. Voici le repaire de la tribu. Une bataille à coups de mousse s’engage, puis on en au corps à corps. Les Cœurs Vaillants sont vainqueurs et, au bout de 40 minutes, les deux rentrent en chantant à la colonie. De multiples autres thèmes pourront varier l’intérêt de ces leçons.

Le contrôle des résultats dans la pédagogie hébertiste

pédagogie hébertiste

La force résulte de l’acquisition d’un certain nombre de qualités :

  1. la résistance ou le poids ; 
  2. la puissance musculaire ;
  3. la vitesse ;
  4. l’adresse ;
  5. les qualités viriles.

La pédagogie hébertiste a pour but de faire de nos enfants des êtres dans ce but, un contrôle périodique des résultats est nécessaire afin d’a idée nette, des progrès accomplis par les élèves dans ce domaine. Plusieurs manières s’offrent à nous pour mesurer la force. Si l’on excepte les appareils physiologiques : spiromètres, pneumogaphes qui n’ont pour nous aucun intérêt immédiatement pratique, il reste que la meilleure de ces méthodes est celle qui utilise le système des épreuves, et tout spécialement :

Les épreuves mesurées, avec performances cotées.

Ces épreuves seront les suivantes :

  • 3 épreuves de course : vitesse, demi-fonds, fonds. 
  • 1 épreuve de quadrupédie (épreuve clef).
  • 4 épreuves de saut : en hauteur et en longueur, avec ou sans élan. 
  • 1 épreuve de grimper.
  • 1 épreuve de lever.
  • 1 épreuve de lancer.
  • 2 épreuves de natation.

La pédagogie hébertiste établit une cotation sur les bases suivantes

Dans chaque épreuve servant à la mesure de l’aptitude, les performances sont cotées en points d’après l’échelle suivante :

La cote 0 caractérise le niveau inférieur du développement élémentaire ou débrouillage c’est-à-dire la performance minimum que doit pouvoir ace un enfant normal à un âge donné.

Les cotes I et 2 représentent les performances de valeur moyenne. Les cotes 3 et 4, les performances de valeur supérieure, etc.

Les cotes négatives, l, 2, etc. caractérisent les performances de valeur insuffisantes ou nulle.

Dans le cas des enfants, les performances correspondant à la cote 0 n qu’une indication qui ne peut être tenue pour· rigoureuse. Les poussées de croissance des enfants et des adolescents, toujours variables suivant les sujets, ne permettent pas d’établir une cote précise aux différents âges de l’enfance l’adolescence.

A titre de simple indication, voyons à quelles épreuves devrait satisfaire un enfant de 10 à 13 ans pour obtenir la cote 0 dans tous les exercices :

Saut : En hauteur sans élan :  0m55 ; avec élan : 0m70. En longueur sans élan : 1m60 ; avec élan : 2m75
Grimper à la corde, en hauteur, avec les jambes : 5 mètres
Quadrupédie : 30 mètres en 13 secondes.
Lever : poids de 20 kgs
Lancer : poids de 1kg à 7 mètres
Natation : 34 mètres en 1 m 20 sec ; 68 mètres en 3 minutes
Course : Vitesse : 85 mètres en 16 secondes ; demi-fond : 400 mètres en 1 min. 40 sec. ; fond : 1200 mètres en 6 minutes.

Une fiche individuelle où seront régulièrement consignés les résultats des épreuves servira à contrôler rapidement les progrès des enfants. Elle contiendra aussi les indications et contrindications du médecin pour tout ou partie de l’éducation physique.

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