combat spirituel

Le combat spirituel est un passage obligé dans la vie du chrétien qui cherche à grandir en sainteté. Pour éclairer celui qui le vit, nous vous proposons des extraits de l’ouvrage du Père Gaston Courtois « Quand l’âme est dans le tunnel » publié en 1930.

La vie intérieure est une vie de relations affectueuses avec Dieu habitant en nous par l’état de grâce. Une âme généreuse qui désire mener une vie intérieure intense, fait son possible pour multiplier les « contacts » avec lui. Elle pense à Lui, agit sous son regard, Lui demande conseil, accompagne pour ainsi dire en sourdine tout ce qu’elle fait de pensées de foi et d’amour. Et Dieu, à la fois pour la récompenser et pour l’encourager, lui donne une certaine sensibilité spirituelle qui lui permet de goûter sensiblement la douceur de sa présence et de son amitié. Mais, au bout de quelque temps, voilà qu’un changement se produit : la prière demande un certain effort…

Dans le combat spirituel, Dieu parait si loin !

Dieu paraît lointain, étranger, absent… comme s’Il était brouillé avec nous. Les actions de grâce sont froides, on se dispenserait volontiers de la Sainte Communion. On n’a même plus l’idée de faire des sacrifices, ou, si on en a l’idée, il semble qu’on n’en ait plus la force… Dans la journée, on n’élève plus aussi souvent son cœur vers Dieu ; d’ailleurs, on ne trouve rien à Lui dire, et si on fait une prière quelconque, on la fait machinalement, sans goût et sans « cœur ». Bref, il se répand sur l’âme une sorte de « grisaille » et si l’âme n’est pas éclairée et encouragée, elle risque de se laisser aller à une certaine dépression morale, qui n’est pas sans présenter quelque danger.

Selon Gaston Courtois, le combat spirituel a plusieurs raisons.

Le combat spirituel peut être un “châtiment miséricordieux”

Le combat spirituel peut être quelquefois (mais pas toujours) une punition de la miséricorde divine pour nos infidélités à la grâce. Il arrive souvent, en effet que nous commettions vis-à-vis du Bon Dieu de véritables indélicatesses, qui lui sont d’autant plus sensibles qu’elles lui viennent d’âmes envers lesquelles il s’est montré plus généreux. Mieux vaut en être puni en ce monde qu’en l’autre, et c’est à la fois pour nous punir et nous rappeler à l’ordre que Dieu fait semblant de se retirer.

De même que la douleur physique est parfois un signal d’alarme contre ce qui peut nuire à la santé du corps, l’épreuve spirituelle peut être un « avertissement » contre le relâchement et ce qui peut y conduire. 

Une nécessaire leçon

Si tout allait bien, nous risquerions de nous installer dans la vie de piété, de nous faire ici-bas un paradis à notre façon, et de ne plus assez désirer ce Ciel pour lequel nous sommes faits. Il est nécessaire que, par ces épreuves, le Bon Dieu nous rappelle que nous sommes « en exil », dans un monde où il y a succession de jours et de nuits, de rayons et d’ombres, et où nous ne pouvons prétendre à une stabilité parfaite. Si tout allait toujours très bien, nous serions tentés de nous attribuer à nous-mêmes les sentiments de piété et d’amour que nous éprouverions. Il est nécessaire que, par ces épreuves, le Bon Dieu nous fasse toucher du doigt que, dans cet ordre de choses, nous ne pouvons rien par nous-mêmes, que tout est don et bonté de sa part.

Le combat spirituel peuvent être un moyen puissant de sanctification

Le Bon Dieu est comme une mère qui aime que son enfant la cherche et sente le besoin qu’il a d’elle. « Sitit sitiri Deus » ou « Dieu a soif qu’on ait soif de lui » écrivit saint Grégoire de Naziance. Dieu se cache pour nous donner l’occasion de le chercher, et s’Il aime tant à se faire chercher, c’est que nous le possèderons d’autant plus au ciel, que nous l’aurons davantage cherché sur la terre. En toutes choses, Il agit en vue de notre plus grand bien, sachant parfaitement que si nous avions toujours notre petite vie spirituelle bien tranquille, nous ne ferions guère d’efforts.

Par ces épreuves spirituelles, Dieu veut développer en nous certaines vertus importantes.

D’abord, la foi. Elle s’exerce d’autant plus purement que nous sommes privés du sentiment sensible : « La foi, a dit saint Jean de la Croix, c’est le face à face dans les ténèbres. » Ensuite, l’humilité. Un subtil orgueil ne tarderait pas à se faire jour, si nous restions longtemps dans la ferveur sensible. Enfin, la charité. Nous avons une tendance facile à un certain mépris du prochain, lorsque tout va bien pour nous ; au contraire, lorsque nous avons souffert, nous comprenons mieux la souffrance des autres. 

Le Bon Dieu, en nous éprouvant ainsi, veut nous faire acquérir des mérites

Cet état de combat spirituel nous oblige à faire de nombreux actes de foi, de confiance, d’abandon, de volonté pure. « Il n’y a rien de si touchant pour Dieu que ce renoncement à tout appui sensible pour n’être soutenu que de Lui. Celui qui marche avec confiance dans une route entièrement inconnue, et par une épaisse nuit, sans hésiter, sans sonder le chemin, sans soupirer après la lumière, sans vouloir tenir par la main le guide qui le conduit, témoigne une entière confiance en Lui et mérite tous ses soins ; de même nous ne pouvons mieux attirer plus puissamment le sien qu’en vivant des ténèbres de la foi » (Ambroise de Lombez). En résumé, le retrait des consolations spirituelles est nécessaire pour la croissance spirituelle, comme le sevrage est nécessaire pour la croissance de l’enfant.

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