Voici une prière, écrite par M. Legaut dans la revue mensuelle « Le patronage » et dans laquelle Dieu parle à l’adolescent qui Le prie. Publiée en 1937, cette prière est fortement teintée du personnalisme chrétien selon lequel Dieu, le créateur, a un projet personnel pour chacun qui a le talent nécessaire pour réaliser ce projet. C’est en étant à l’écoute de ses aspirations profondes comme de ses qualités et capacités que la personne pourra découvrir cette mission, ce projet de Dieu pour elle. Si la vie donne l’occasion de réaliser non pas un projet mais plusieurs, il faut entendre par la « mission » de sa vie la façon unique et personnelle de servir le bien commun dans le don de soi-même.
« Une correspondance unique entre tes aspirations profondes, tes aptitudes réelles, les conditions de ton existence »
« Je prendrai soin de toi comme d’un ami. Dans le service que je te demande, à l’intérieur de ton âme, tu trouveras ton achèvement. Mon enfant, médite le mystère de ta vocation. Je t’appelle à faire tout ce qui, au plus profond de toi-même, t’est apparu éminemment désirable, tout ce dont tu as rêvé dans ton enfance, dans tes meilleurs moments. Il s’établira une correspondance unique entre tes aspirations profondes, tes aptitudes réelles, les conditions dans lesquelles tu te trouves, et ton œuvre de chaque jour. Et, jour par jour, tu découvriras mieux ce qui doit être l’œuvre de ta vie. En vérité, ta vie égalera en plénitude celle du savant et de l’artiste. Tu as rêvé d’une grande vie. Ton erreur était de la vouloir grande pour toi. Elle sera grande si tu la donnes.
Tu ne peux pas savoir encore quelle sera l’œuvre de ta vie. A mesure que ta personnalité se formera, tu connaîtras par la foi la mission que je t’ai confiée dans mon plan de salut du monde. Alors tu éprouveras la joie unique de celui qui découvre la place qu’il occupe éternellement au ciel. Heureux qui connaitra cette joie de la fin.
– Mon Dieu, donnez-moi de découvrir peu à peu le sens profond, élémentaire de votre action dans le monde… gardez-moi du refus qui stérilise toute vie. Donnez-moi de découvrir ma vocation unique, celle que vous m’avez réservée de toute éternité. »
Car le but de l’éducation est « d’aider les enfants à réaliser ce que Dieu attend d’eux »
« Dieu s’est mis dans un bien mauvais cas, disait Péguy, Il s’est mis dans le cas d’avoir besoin de nous. » Dieu en effet a donné la liberté à l’homme et il fait dépendre de la collaboration de l’homme à sa grâce le plus ou moins de vie divine dans le monde. La parabole des talents (Evangile de saint Matthieu, XXV, 14-30) nous éclaire. En effet, chacun n’a pas reçu la même place, ni la même fonction à remplir dans le Corps mystique, ni le même nombre de talents. Les uns en ont reçu 5, les autres 3, d’autres 1 seul. Peu importe, l’idéal c’est que chacun s’efforce, là où Dieu l’a placé, de rapporter ce 100% dont il est question dans la parabole évangélique. En d’autres termes, le but de l’éducation est d’aider les enfants à mettre en valeur tous leurs dons naturels et surnaturels pour devenir des chrétiens 100%, conscients et organisés.
