Quelles sont les 4 demeures de Dieu ?

Mais où Dieu fait-il sa demeure ? En quatre lieux, nous répond-on dans ce texte publié dans la revue Éducateurs de 1941. Nous avons choisi de le republier pour sa clarté et sa pédagogie qui le rendent compréhensibles aux enfants comme aux adultes. L’auteur est Jean Ben Abdejlil, un marocain converti à la foi chrétienne, devenu religieux et professeur à l’Institut catholique de Paris. Édifier, nous l’avons médité, est un mot « chrétien » d’une profondeur souvent méconnue. Et Dieu lui-même se bâtit en nous une demeure. Arrêtons-nous à ce dernier mot.

La première demeure de Dieu est la création matérielle

Elle est créée de rien et constamment soutenue dans l’être par Dieu… Dieu est partout ; Il gouverne tout ; rien sans son concours… Et tout l’univers le raconte et chante sa gloire… Ainsi la création matérielle n’est pas profane ; elle n’est pas non plus et nécessairement une tentation pour l’homme ; Dieu y est présent ; que l’homme sache le chercher. Tout ce que Dieu a fait est bon ; et si la création matérielle a suivi le sort de l’homme dans la chute, elle gémit aussi, dans l’attente de la pleine rédemption des enfants de Dieu. Elle est confiée à l’homme ; il n’a pas à avoir peur d’elle ; ni à la mépriser ; il ne doit pas renoncer à elle si ce mot veut dire : la « délaisser », l’abandonner à son sort. Nous n’avons même pas le droit d’enfouir le talent qui nous est confié dans l’intention de le restituer tel quel à son maître. Non. La création matérielle, l’homme doit la travailler avec Dieu, afin qu’elle porte le maximum de fruits.

Que l’homme travaille, avec Dieu, la Création matérielle et qu’il la respecte

Il ne doit ni la souiller ni s’en servir pour détruire. Qu’elle lui serve au contraire à faire le bien à construire une humanité meilleure, à glorifier Dieu qui l’a faite belle, et très utile même à son culte. Méditer l’action de Jésus sur la nature : tempête apaisée, pains multipliés, pêche miraculeuse, guérisons des corps, résurrections ; promesses faites à la foi de ses disciples : même les masses montagneuses leur obéiraient. Et la création matérielle qu’est le Corps de Jésus ! Méditer aussi le sens d’universelle fraternité d’un saint comme le Poverello, saint François d’Assise, et le rayonnement de sa sainteté sur la nature, comme aussi le son que rendait son âme au contact des créatures. La création matérielle où Dieu est présent et où il agit toujours est aussi un talent confié à l’homme.

La demeure de Dieu est également dans toute l’humanité

L’humanité, hélas ! n’est pas encore toute entière baptisée, ni donc entièrement incorporée à l’Eglise du Christ. Pourtant, elle n’est pas abandonnée de Dieu : Dieu la travaille… Quel bouillonnement de vie ! Et cela avant le Christ comme après sa venue sur terre. Dieu préparait les hommes à l’lncarnation de son Fils, d’abord par le peuple élu ; mais aussi la Gentilité. Et le Christ continue à venir. Et Dieu lui prépare le cœur des hommes. Il y a un «Avent» constant dans l’humanité ; « parate viam Domini ; rectas facite semitas ejus » (préparez la route du Seigneur, rendez droits ses chemins).

La 3e demeure de Dieu est l’Eglise.

L’Eglise visible, celle à laquelle a été précisément confiée la charge de l’humanité, pour que les essais aboutissent, pour que les tâtonnements finissent par trouver, Pour que les élans soient exaucés, pour que les réussites soient nombreuses et totales… en l’Eglise et par elle. L’Eglise, levain de pensée et d’action et de vie pour toute l’humanité… L’Eglise, source de salut pour tous les hommes qui veulent obéir à Dieu, même quand ils restent, sans faute de leur part, hors son enceinte et parfois en guerre ouverte avec elle… L’Eglise, dépositaire de la grâce et de la doctrine du Christ ; demeure d’où rayonne sa pensée et d’où jaillit l’action de sa vie, de sa mort et de sa résurrection ; foyer où brûle sa charité… 

La 4e demeure de Dieu est le baptisé

Au sens le plus profond du mot, le baptisé est la demeure de Dieu ; le baptisé vivant. Son âme, bien sûr : son intelligence qui connaît Dieu et sa volonté qui l’aime et lui obéit. Mais aussi son corps : car notre corps est chrétien ; temple du saint Esprit, s’écriait saint Paul, le corps doit être respecté. Nous n’avons pas plusieurs vies juxtaposées : une vie sensible, une vie intellectuelle, une vie de la grâce ; notre vie de baptisés, c’est une sève humaine dans laquelle agit la greffe divine. Et Dieu nous travaille, précisément pour qu’avec notre collaboration ces courants de vie différents agissent en « synergie », pour que tout, absolument tout, en nous, soit informé par la grâce. C’est ainsi que Dieu nous édifie, nous construit. Et Il ne le fait pas de loin, de l’extérieur ; Il est en nous ; Il a fait sa demeure en nous. « Nous viendrons et nous ferons en lui notre demeure ».

Enfin, Dieu est omniscient

Partout, de manières différentes et à des degrés Dieu est présent et il agit. Jésus disait qu’il s’agissait toujours à l’imitation de son Père. Il aime les serviteurs actifs, les ouvriers laborieux, il n’aime pas les économes infidèles, ni non plus les fidèles peureux qui enfouissent le talent qui leur a été confié. Dieu veut notre collaboration libre et totale, pour nous édifier. Là est notre privilège et notre responsabilité. C’est aussi la condition de fécondité et d’épanouissement pour notre tâche d’éducateurs.

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